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Les Fourberies de Scapin.


Sylvestre.

Toutes nos affaires[1].

Octave.

Ah ! parle, si tu veux, et ne te fais point, de la sorte, arracher les mots de la bouche.

Sylvestre.

Qu’ai-je à parler davantage ? vous n’oubliez aucune circonstance, et vous dites les choses tout justement comme elles sont.

Octave.

Conseille-moi, du moins, et me dis ce que je dois faire dans ces cruelles conjonctures.

Sylvestre.

Ma foi, je m’y trouve autant embarrassé que vous ; et j’aurois bon besoin que l’on me conseillât moi-même.

Octave.

Je suis assassiné par ce maudit retour.

Sylvestre.

Je ne le suis pas moins.

Octave.

Lorsque mon père apprendra les choses, je vais voir fondre sur moi un orage soudain d’impétueuses réprimandes.

Sylvestre.

Les réprimandes ne sont rien ; et plût au ciel que j’en fusse quitte à ce prix ! mais j’ai bien la mine, pour moi, de payer plus cher vos folies ; et je vois se former, de loin un nuage de coups de bâton qui crèvera sur mes épaules[2].

Octave.

Ô Ciel ! par où sortir de l’embarras où je me trouve ?

Sylvestre.

C’est à quoi vous deviez songer avant que de vous y jeter.

Octave.

Ah ! tu me fais mourir par tes leçons hors de saison.

Sylvestre.

Vous me faites bien plus mourir par vos actions étourdies.

  1. Cette forme de dialogue en écho était fort goûtée au dix-septième siècle. Molière semble ici avoir fait quelques emprunts à la Sœur de Rotrou, acte I, scène i.
  2. Dans le Médecin volant, Sganarelle dit : « Le nuage est fort épais, et j’ai bien peur que, s’il vient à crever, il ne grêle sur mon dos force coups de bâtons.