Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 3.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MONSIEUR JOURDAIN.

C’est fort bien avisé. Allons prendre nos places.

MADAME JOURDAIN.

Et Nicole ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Je la donne au truchement ; et ma femme, à qui la voudra.

COVIELLE.

Monsieur, je vous remercie, (À part.) Si l’on en peut voir un plus fou, je l’irai dire à Rome.

(La comédie finit par un petit ballet qui avoit été préparé.)

PREMIÈRE ENTRÉE.

Un homme vient donner les livres du ballet, qui d’abord est fatigué par une multitude de gens de provinces différentes, qui crient en musique pour en avoir, et par trois importuns qu’il trouve toujours sur ses pas.

DIALOGUE DES GENS.
qui en musique demandent des livres.
TOUS.

À moi, monsieur, à moi, de grace, à moi monsieur :
Un livre, s’il vous plaît, à votre serviteur.

HOMME DU BEL AIR.

Monsieur, distinguer-nous parmi les gens qui crient.
Quelques livres ici ; les dames vous en prient.

UN AUTRE HOMME DU BEL AIR.

Holà, monsieur ! monsieur, ayez la charité
D’en jeter de notre côté.

FEMME DU BEL AIR.

Mon Dieu, qu’aux personnes bien faites
On sait peu rendre honneur céans !

AUTRE FEMME DU BEL AIR.

Ils n’ont des livres et des bancs
Que pour mesdames les grisettes.

GASCON.

Ah ! l’homme aux libres, qu’on m’en vaille.
J’ai déjà lé poumon usé.
Bous boyez qué chacun mé raille ;
Et jé suis escandalisé.