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MONSIEUR JOURDAIN.

La possession de mon cœur est une chose qui vous est tout acquise.

DORANTE.

Vous voyez, madame, que monsieur Jourdain n’est pas de ces gens que les prospérités aveuglent, et qu’il sait, dans sa grandeur, connoître encore ses amis.

DORIMÈNE.

C’est la marque d’une ame tout à fait généreuse.

DORANTE.

Où est donc Son Altesse turque ? nous voudrions bien, comme vos amis, lui rendre nos devoirs.

MONSIEUR JOURDAIN.

Le voilà qui vient ; et j’ai envoyé quérir ma fille pour lui donner la main.


Scène IV.

MONSIEUR JOURDAIN, DORIMÈNE, DORANTE, CLÉONTE, habillé en Turc.
DORANTE, à Cléonte.

Monsieur, nous venons faire la révérence à Votre Altesse, comme amis de monsieur votre beau-père, et l’assurer avec respect de nos très humbles services.

MONSIEUR JOURDAIN.

Où est le truchement, pour lui dire qui vous êtes, et lui faire entendre ce que vous dites ? Vous verrez qu’il vous répondra ; et il parle turc à merveille, (À cléonte.) Holà ! où diantre est-il allé ? Strouf, strif, strof, straf. Monsieur est un grande segnore, grande segnore, grande segnore ; et madame, une granda dama, granda dama. (Voyant qu’il ne se fait point entendre.) Ah ! (À Cléonte, montrant Dorante.) Monsieur, lui mamamouchi françois, et madame mamamouchie françoise. Je ne puis pas parler plus clairement. Bon ! voici l’interprète.


Scène V.

MONSIEUR JOURDAIN, DORIMÈNE, DORANTE ; CLÉONTE, habillé en Turc ; COVIELLE, déguisé.
MONSIEUR JOURDAIN.

OÙ allez-vous donc ? nous ne saurions rien dire sans vous. (Montrant Cléonte.) Dites-lui un peu que monsieur et madame sont des personnes de grande qualité, qui lui viennent faire