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COVIELLE.

Prenez la peine de vous tirer un peu plus loin, pour faire place à ce que j’aperçois venir. Vous pourrez voir une partie de l’histoire, tandis que je vous conterai le reste.


Scène IX.

cérémonie turque[1].
LE MUPHTI, DERVIS, TURCS. assistants du muphti, chantants et dansants.
PREMIÈRE ENTRÉE DE BALLET.

Six Turcs entrent gravement deux à deux, au son des instruments. Ils portent trois tapis qu’ils lèvent fort haut, après en avoir fait, en dansant, plusieurs figures. Les Turcs chantants passent par-dessous ces tapis pour s’aller ranger aux deux côtés du théâtre. Le muphti, accompagné des dervis, ferme cette marche.

Alors les Turcs étendent les tapis par terre, et se mettent dessus à genoux. Le muphti et les dervis restent debout au milieu d’eux ; et, pendant que le muphti invoque Mahomet, en faisant beaucoup de contorsions et de grimaces, sans proférer une seule parole, les Turcs assistants se prosternent jusqu’à terre, chantant Alli, lèvent les bras au ciel, en chantant Alla[2] ; ce qu’ils continuent jusqu’à la fin de l’invocation, après laquelle ils se lèvent tous, chantant Alla eckber[3] ; et deux dervis vont chercher monsieur Jourdain.


Scène X.

LE MUPHTI, DERVIS, TURCS chantants et dansants ; MONSIEUR JOURDAIN vêtu à la turque, la tête rasée, sans turban et sans sabre.
LE MUPHTI, à monsieur Jourdain.

Se ti sabir,
Ti respondir ;
Se non sabir,
Tazir, tazir.

Mi star muphti,
Ti qui star si ?

  1. Lulli, déjà célèbre, avait composé la musique de cette cérémonie.
  2. Alli et Alla, qui s’écrit Allah, signifient Dieu.
  3. Alla ekber signifie Dieu est grand.