morceaux, de vous parler d’un pain de rive[1] biseau doré, relevé de croûte partout, croquant tendrement sous la dent ; d’un vin à sève veloutée, armé d’un vert qui n’est point trop commandant ; d’un carré de mouton gourmandé de persil ; d’une longe de veau de rivière[2], longue comme cela, blanche, délicate, et qui, sous les dents, est une vraie pâte d’amande ; de perdrix relevées d’un fumet surprenant ; et, pour son opéra, d’une soupe à bouillon perlé, soutenue d’un jeune gros dindon cantonné de pigeonneaux, et couronnée d’oignons blancs mariés avec la chicorée. Mais, pour moi, je vous avoue mon ignorance ; et, comme monsieur Jourdain a fort bien dit, je voudrois que le repas fût plus digne de vous être offert.
Je ne réponds à ce compliment qu’en mangeant comme je fais.
Ah ! que voilà de belles mains !
Les mains sont médiocres, monsieur Jourdain ; mais vous voulez parler du diamant, qui est fort beau.
Moi, madame ? Dieu me garde d’en vouloir parler ! ce ne seroit pas agir en galant homme ; et le diamant est fort peu de chose.
Vous êtes bien dégouté.
Vous avez trop de bonté…
Allons, qu’on donne du vin à monsieur Jourdain et à ces messieurs, qui nous feront la grace de nous chanter[3] quelque air à boire.
C’est merveilleusement assaisonner la bonne chère, que