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MONSIEUR JOURDAIN.

Assurément. Vous parlez toutes deux comme des bêtes, et j’ai honte de votre ignorance, (À madame Jourdain.) Par exemple, savez-vous, vous, ce que c’est que vous dites à cette heure ?

MADAME JOURDAIN.

Oui. Je sais que ce que je dis est fort bien dit, et que vous devriez songer à vivre d’autre sorte.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je ne parle pas de cela. Je vous demande ce que c’est que les paroles que vous dites ici.

MADAME JOURDAIN.

Ce sont des paroles bien sensées, et votre conduite ne l’est guère.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je ne parle pas de cela, vous dis-je. Je vous demande, ce que je parle avec vous, ce que je vous dis à cette heure, qu’est-ce que c’est ?

MADAME JOURDAIN.

Des chansons.

MONSIEUR JOURDAIN.

Hé ! non, ce n’est pas cela. Ce que nous disons tous deux, le langage que nous parlons à cette heure ?

MADAME JOURDAIN.

Hé bien ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Comment est-ce que cela s’appelle ?

MADAME JOURDAIN.

Cela s’appelle comme on veut l’appeler.

MONSIEUR JOURDAIN.

C’est de la prose, ignorante.

MADAME JOURDAIN.

De la prose ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Oui, de la prose. Tout ce qui est prose n’est point vers ; et tout ce qui n’est point vers est prose. Heu ! voilà ce que c’est que d’étudier. (À Nicole.) Et toi, sais-tu bien comme il faut faire pour dire un U ?

NICOLE.

Comment ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Oui. Qu’est-ce que tu fais quand tu dis U ?