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ACTE TROISIÈME.


Scène I.

MONSIEUR JOURDAIN, DEUX LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN.

Suivez-moi, que j’aille un peu montrer mon habit par la ville ; et surtout ayez soin tous deux de marcher immédiatement sur mes pas, afin qu’on voie bien que vous êtes à moi.

LAQUAIS.

Oui, monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN.

Appelez-moi Nicole, que je lui donne quelques ordres. Ne bougez : la voilà.


Scène II.

MONSIEUR JOURDAIN, NICOLE, DEUX LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN.

Nicole !

NICOLE.

Plaît-il ?

MONSIEUR JOURDAIN.

Écoutez.

NICOLE, riant.

Hi, hi, hi, hi, hi[1].

MONSIEUR JOURDAIN.

Qu’as-tu à rire ?

NICOLE.

Hi, hi, hi, hi, hi, hi.

MONSIEUR JOURDAIN.

Que veut dire cette coquine-là ?

  1. L’actrice chargée d’abord de ce rôle se nommait Beauval ; elle avait un tic qui nuisait à la vérité de son jeu, elle riait toujours. Le roi, frappé de ce défaut, refusa d’abord d’admettre cette actrice dans la troupe de ses comédiens ; mais Molière, qui désirait la conserver, composa pour elle le rôle de Nicole, où son tic se trouvait mis en scène d’une manière si heureuse, qu’on pouvait le prendre pour une marque de talent. Le triomphe de mademoiselle Beauval fut complet ; car après la pièce le roi dit à Molière : Je reçois votre actrice. (Aimé Martin.)