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Scène VII.

MONSIEUR JOURDAIN, UN LAQUAIS.
MONSIEUR JOURDAIN, à son laquais.

Comment ! mon habit n’est point encore arrivé ?

LE LAQUAIS.

Non, monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN.

Ce maudit tailleur me fait bien attendre pour un jour où j’ai tant d’affaires. J’enrage. Que la fiévre quartaine puisse serrer bien fort le bourreau de tailleur ! au diable le tailleur ! la peste étouffe le tailleur ! Si je le tenois maintenant, ce tailleur détestable, ce chien de tailleur-là, ce traître de tailleur, je…


Scène VIII.

MONSIEUR JOURDAIN, UN MAITRE TAILLEUR, UN GARÇON TAILLEUR portant l’habit de monsieur Jourdain ; UN LAQUAIS.
MONSIEUR. JOURDAIN.

Ah ! vous voilà ! je m’allois mettre en colère contre vous.

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Je n’ai pas pu venir plus tôt, et j’ai mis vingt garçons après votre habit.

MONSIEUR JOURDAIN.

Vous m’avez envoyé des bas de soie si étroits, que j’ai eu toutes les peines du monde à les mettre, et il y a déjà deux mailles de rompues.

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Ils ne s’élargiront que trop.

MONSIEUR JOURDAIN.

Oui, si je romps toujours des mailles. Vous m’avez aussi fait faire des souliers qui me blessent furieusement.

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Point du tout, monsieur.

MONSIEUR JOURDAIN.

Comment ! point du tout ?

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Non, ils ne vous blessent point.

MONSIEUR JOURDAIN.

Je vous dis qu’ils me blessent, moi.

LE MAÎTRE TAILLEUR.

Vous vous imaginez cela.