naturelles, et les propriétés des corps ; qui discourt de la nature des éléments, des métaux, des minéraux, des pierres, des plantes et des animaux, et nous enseigne les causes de tous les météores, l’arc-en-ciel, les feux volants, les comètes, les éclairs, le tonnerre, la foudre, la pluie, la neige, la grêle, les vents, et les tourbillons.
Il y a trop de tintamarre là dedans, trop de brouillamini.
Que voulez-vous donc que je vous apprenne ?
Apprenez-moi l’orthographe[1].
Très volontiers.
Après, vous m’apprendrez l’almanach, pour savoir quand il y a de la lune, et quand il n’y en a point.
Soit. Pour bien suivre votre pensée, et traiter cette matière en philosophe, il faut commencer, selon l’ordre des choses, par une exacte connoissance de la nature des lettres, et de la différente manière de les prononcer toutes. Et là-dessus j’ai à vous dire que les lettres sont divisées en voyelles, ainsi dites voyelles[2], parcequ’elles expriment les voix ; et en consonnes, ainsi appelées consonnes, parce qu’elles sonnent avec les voyelles, et ne font que marquer les diverses articulations des voix. Il y a cinq voyelles, ou voix : A, E, I, O, U.
J’entends tout cela.
La voix A se forme en ouvrant fort la bouche : A[3].
- ↑ Ce trait est encore une imitation d’Aristophane. Dans la pièce grecque, Socrate, après beaucoup de questions semblables à celles du maître de philosophie, demande à Strepsiade ce qu’il veut apprendre : celui-ci, qui est poursuivi pour dettes, répond naïvement qu’il veut apprendre à ne rien rendre aux usuriers. Socrate termine la scène par donner une leçon de grammaire, qui n’est pas moins ridicule que celle du maître de philosophie. (Nuées, sc. iv, v. 433 et 436.) (Aimé Martin.)
- ↑ Var. Sont divisées en voyelles, parcequ’elles expriment les voix, etc.
- ↑ MM. Aimé Martin et Auger indiquent comme ayant inspirée Molière quelques traits de cette scène de pédagogie si plaisante, un livre publié deux ans avant le Bourgeois gentilhomme, par Cordemoy, membre de l’Académie française, sous le titre de Discours physique de la parole. Molière, du reste, en ri-