Scène VI.
Venons à notre leçon.
Ah ! monsieur, je suis fâché des coups qu’ils vous ont donnés.
Cela n’est rien. Un philosophe sait recevoir comme il faut les choses ; et je vais composer contre eux une satire du style de Juvénal, qui les déchirera de la belle façon. Laissons cela. Que voulez-vous apprendre ?
Tout ce que je pourrai ; car j’ai toutes les envies du monde d’être savant ; et j’enrage que mon père et ma mère ne m’aient pas fait bien étudier dans toutes les sciences, quand j’étois jeune.
Ce sentiment est raisonnable ; nam, sine doctrina, vita est quasi mortis imago. Vous entendez cela, et vous savez le latin, sans doute.
Oui ; mais faites comme si je ne le savois pas. Expliquez-moi ce que cela veut dire.
Cela veut dire que, sans la science, la vie est presque une image de la mort.
Ce latin-là a raison.
N’avez-vous point quelques principes, quelques commencements des sciences ?
Oh ! oui, je sais lire et écrire.
Par où vous plaît-il que nous commencions[1] ? Voulez-vous que je vous apprenne la logique ?
- ↑ Dans les Nuées d’Aristophane, Socrate fait la même question à Strepsiade : « Or çà ; par où voulez-vous commencer ? que voulez-vous apprendre ? Parlez, vous enseignerai-je à connaître les mesures ou règles des vers et de leur harmonie ? » (Acte II, scène i, vers 686 et suivants.)