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ACTE V



Scène première

CLITIDAS, ÉRIPHILE
CLITIDAS.

De quel côté porter mes pas ? où m’aviserai-je d’aller, et en quel lieu puis-je croire que je trouverai maintenant la Princesse Ériphile ? Ce n’est pas un petit avantage que d’être le premier à porter une nouvelle. Ah ! la voilà. Madame, je vous annonce que le Ciel vient de vous donner l’époux qu’il vous destinait.

ÉRIPHILE.

Eh ! laisse-moi, Clitidas, dans ma sombre mélancolie.

CLITIDAS.

Madame, je vous demande pardon, je pensais faire bien de vous venir dire que le Ciel vient de vous donner Sostrate pour époux ; mais, puisque cela vous incommode, je rengaine ma nouvelle, et m’en retourne droit comme je suis venu.

ÉRIPHILE.

Clitidas, holà, Clitidas !

CLITIDAS.

Je vous laisse, Madame, dans votre sombre mélancolie.

ÉRIPHILE.

Arrête, te dis-je, approche. Que viens-tu me dire ?

CLITIDAS.

Rien, Madame : on a parfois des empressements de venir dire aux grands de certaines choses dont ils ne se soucient pas, et je vous prie de m’excuser.

ÉRIPHILE.

Que tu es cruel !

CLITIDAS.

Une autre fois j’aurai la discrétion de ne vous pas venir interrompre.

ÉRIPHILE.

Ne me tiens point dans l’inquiétude : qu’est-ce que tu viens m’annoncer ?

CLITIDAS.