notre confidence ; et nous joindrons après nos forces pour venir attaquer la dureté de son humeur.
Scène III
Hors d’ici tout à l’heure, et qu’on ne réplique pas. Allons, que l’on détale de chez moi, maître juré filou, vrai gibier de potence !
Je n’ai jamais rien vu de si méchant que ce maudit vieillard, et je pense, sauf correction, qu’il a le diable au corps.
Tu murmures entre tes dents ?
Pourquoi me chassez-vous ?
C’est bien à toi, pendard, à me demander des raisons ! Sors vite, que je ne t’assomme[2].
Qu’est-ce que je vous ai fait ?
Tu m’as fait que je veux que tu sortes.
Mon maître, votre fils, m’a donné ordre de l’attendre.
Va-t’en l’attendre dans la rue, et ne sois point dans ma maison planté tout droit comme un piquet, à observer ce qui se passe et faire ton profit de tout. Je ne veux point avoir sans cesse devant moi un espion de mes affaires, un
- ↑ Le personnage de l’avare, chez Plaute, s’appelle Euclio. C’est le supplément de cette pièce, par Codrus Urceus, qui a fourni à Molière le nom d’Harpagon. Les maitres de ce temps-ci sont avares, dit Strobile, scène ii de l’acte V ; nous les appelons des Harpagons, des Harpies :
- Tenaces nimium dominos nostra ætas tulit,
- Quos Harpagones, Harpigias et Tautalos
- Vocare soleo (Bret.)
- ↑ « Sors d’ici, sors, te dis-je ; oui, tu sortiras, avec ces regards curieux qui cherchent tout autour de toi. — Pourquoi me chassez-vous de la maison ? — C’est bien à toi à me demander des raisons ! Quitte à l’instant le seuil de cette porte ; va-t-en ! Mais voyez si elle bougera !… Tu murmures entre tes dents, etc. » (Plaute)