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avez des bontés pour moi, Madame, dont je ne puis assez me louer ; mais je ne les mettrai point à l’épreuve sur le sujet dont vous me parlez, et tout ce que je leur demande, c’est de ne point presser un mariage où je ne me sens pas encore bien résolue.

ARISTIONE.

Jusqu’ici je vous ai laissée assez maîtresse de tout, et l’impatience des Princes vos amants Mais quel bruit est-ce que j’entends ? Ah ! ma fille, quel spectacle s’offre à nos yeux ? Quelque divinité descend ici, et c’est la déesse Vénus qui semble nous vouloir parler.



Scène II

VÉNUS accompagnée de quatre petits Amours dans une machine, ARISTIONE, ÉRIPHILE


VENUS : Princesse, dans tes soins brille un zèle exemplaire, Qui par les Immortels doit être couronné, Et pour te voir un gendre illustre et fortuné, Leur main te veut marquer le choix que tu dois faire : Ils t’annoncent tous par ma voix La gloire et les grandeurs, que, par ce digne choix, Ils feront pour jamais entrer dans ta famille. De tes difficultés termine donc le cours, Et pense à donner ta fille À qui sauvera tes jours.

ARISTIONE.

Ma fille, les Dieux imposent silence à tous nos raisonnements. Après cela, nous n’avons plus rien à faire qu’à recevoir ce qu’ils s’apprêtent à nous donner, et vous venez d’entendre distinctement leur volonté. Allons dans le premier temple les assurer de notre obéissance, et leur rendre grâce de leurs bontés.



Scène III

ANAXARQUE, CLÉON
CLÉON.

Voilà la Princesse qui s’en va : ne voulez-vous pas lui parler ?

ANAXARQUE.