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Toutes ces belles raisons de sympathie, de force magnétique et de vertu occulte, sont si subtiles et délicates, qu’elles échappent à mon sens matériel, et, sans parler du reste, jamais il n’a été en ma puissance de concevoir comme on trouve écrit dans le Ciel jusqu’aux plus petites particularités de la fortune du moindre homme. Quel rapport, quel commerce, quelle correspondance peut-il y avoir entre nous et des globes éloignés de notre terre d’une distance si effroyable ? et d’où cette belle science enfin peut-elle être venue aux hommes ? Quel Dieu l’a révélée, ou quelle expérience l’a pu former de l’observation de ce grand nombre d’astres qu’on n’a pu voir encore deux fois dans la même disposition ?

ANAXARQUE.

Il ne sera pas difficile de vous le faire concevoir.

SOSTRATE.

Vous serez plus habile que tous les autres.

CLITIDAS.

Il vous fera une discussion de tout cela quand vous voudrez.

IPHICRATE.

Si vous ne comprenez pas les choses, au moins les pouvez-vous croire, sur ce que l’on voit tous les jours.

SOSTRATE.

Comme mon sens est si grossier, qu’il n’a pu rien comprendre, mes yeux aussi sont si malheureux, qu’ils n’ont jamais rien vu.

IPHICRATE.

Pour moi, j’ai vu, et des choses tout à fait convaincantes.

TIMOCLÈS.

Et moi aussi.

SOSTRATE.

Comme vous avez vu, vous faites bien de croire, et il faut que vos yeux soient faits autrement que les miens.

IPHICRATE.

Mais enfin la Princesse croit à l’astrologie, et il me semble qu’on y peut bien croire après elle. Est-ce que Madame, Sostrate, n’a pas de l’esprit et du sens ?

SOSTRATE.

Seigneur, la question est un peu violente. L’esprit de la Princesse n’est pas une règle pour le mien, et son intelligence