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TIMOCLÈS.

Je suis de même avis, et le Ciel ne saurait rien faire où je ne souscrive sans répugnance.

ÉRIPHILE.

Mais, Seigneur Anaxarque, voyez-vous si clair dans les destinées, que vous ne vous trompiez jamais, et ces prospérités et cette gloire que vous dites que le Ciel nous promet, qui en sera caution, je vous prie ?

ARISTIONE.

Ma fille, vous avez une petite incrédulité qui ne vous quitte point.

ANAXARQUE.

Les épreuves, Madame, que tout le monde a vues de l’infaillibilité de mes prédictions sont les cautions suffisantes des promesses que je puis faire. Mais enfin, quand je vous aurai fait voir ce que le Ciel vous marque, vous vous réglerez là-dessus, à votre fantaisie, et ce sera à vous à prendre la fortune de l’un ou de l’autre choix.

ÉRIPHILE.

Le Ciel, Anaxarque, me marquera les deux fortunes qui m’attendent ?

ANAXARQUE.

Oui, Madame, les félicités qui vous suivront, si vous épousez l’un, et les disgrâces qui vous accompagneront, si vous épousez l’autre.

ÉRIPHILE.

Mais comme il est impossible que je les épouse tous deux, il faut donc qu’on trouve écrit dans le Ciel, non seulement ce qui doit arriver, mais aussi ce qui ne doit pas arriver.

CLITIDAS.

Voilà mon astrologue embarrassé.

ANAXARQUE.

Il faudrait vous faire, Madame, une longue discussion des principes de l’astrologie pour vous faire comprendre cela.

CLITIDAS.

Bien répondu. Madame, je ne dis point de mal de l’astrologie : l’astrologie est une belle chose, et le Seigneur Anaxarque est un grand homme.

IPHICRATE.

La vérité de l’astrologie est une chose incontestable, et il