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point se tromper et faire un choix qui soit mauvais.

ÉRIPHILE.

Pour ne point violenter votre parole, ni mon scrupule, agréez, Madame, un moyen que j’ose proposer.

ARISTIONE.

Quoi, ma fille ?

ÉRIPHILE.

Que Sostrate décide de cette préférence. Vous l’avez pris pour découvrir le secret de mon cœur : souffrez que je le prenne pour me tirer de l’embarras où je me trouve.

ARISTIONE.

J’estime tant Sostrate que, soit que vous vouliez vous servir de lui pour expliquer vos sentiments, ou soit que vous vous en remettiez absolument à sa conduite, je fais, dis-je, tant d’estime de sa vertu et de son jugement, que je consens, de tout mon cœur, à la proposition que vous me faites.

IPHICRATE.

C’est à dire, Madame, qu’il nous faut faire notre cour à Sostrate ?

SOSTRATE.

Non, Seigneur, vous n’aurez point de cour à me faire, et, avec tout le respect que je dois aux Princesses, je renonce à la gloire où elles veulent m’élever.

ARISTIONE.

D’où vient cela, Sostrate ?

SOSTRATE.

J’ai des raisons, Madame, qui ne permettent pas que je reçoive l’honneur que vous me présentez.

IPHICRATE.

Craignez-vous, Sostrate, de vous faire un ennemi ?

SOSTRATE.

Je craindrais peu, Seigneur, les ennemis que je pourrais me faire en obéissant à mes souveraines.

TIMOCLÈS.

Par quelle raison donc refusez-vous d’accepter le pouvoir qu’on vous donne, et de vous acquérir l’amitié d’un Prince qui vous devrait tout son bonheur ?

SOSTRATE.

Par la raison que je ne suis pas en état d’accorder à ce Prince ce qu’il souhaiterait de moi.

IPHICRATE.