Avoir l’audace de m’aimer, et de plus avoir l’audace de le dire ?
Ce n’est pas vous, Madame, dont il est amoureux.
Ce n’est pas moi ?
Non, Madame : il vous respecte trop pour cela, et est trop sage pour y penser.
Et de qui donc, Clitidas ?
D’une de vos filles, la jeune Arsinoé.
A-t-elle tant d’appas, qu’il n’ait trouvé qu’elle digne de son amour ?
Il l’aime éperdument, et vous conjure d’honorer sa flamme de votre protection.
Moi ?
Non, non, Madame : je vois que la chose ne vous plaît pas. Votre colère m’a obligé à prendre ce détour, et pour vous dire la vérité, c’est vous qu’il aime éperdument.
Vous êtes un insolent de venir ainsi surprendre mes sentiments. Allons, sortez d’ici ; vous vous mêlez de vouloir lire dans les âmes, de vouloir pénétrer dans les secrets du cœur d’une Princesse. Ôtez-vous de mes yeux, et que je ne vous voie jamais, Clitidas.
Madame.
Venez ici. Je vous pardonne cette affaire-là.
Trop de bonté, Madame.