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nages qui ne dansaient pas, le plus souvent des coméilicns, el se rapportaient au sujet de chaque entrée. Benserade, en des- «■ant les entrées et en rinwfnt les récits, à peu près comme oa fôlïait avant lui, s'éteit aTÏsé de donner un tour vraiment nou- veau à ses vers. Il y mêlait, avec esprit toujours, souvent avec hardiesse, des traits communs à la personne et au personnage, des rapprochements tantôt flatteurs , tantôt piquants entre le danseur nommé au programme et le rôle qu'il devait remplir. Ce n'était pas là sans doute une œuvre de grand mérite ; mais on doit reconnaître qu'il y excellait, et cela depuis vingt ans, variant avec un singulier bonheur des plaisanteries ou des dou- ceurs dont le texte changeait rarement. Pour juger de ce qu'il savait faire en ce genre, il suffirait de voir combien de fois il réussit à vanter les solides mérites du marquis de Soyecourt, ou à excuser la laideur du marquis de Genlis. Le dernier ouvrage de cette espèce qu'eût alors écrit Benserade était le Ballet royal de Flore, dansé par le roi au mois de février 1669, et, dans un rondeau adressé aux dames, il avait aimoncé qu'il renonçait à ce métier. Molière eut ordre de l'y remplacer; de sorte que, dans le divertissement royal de 1670, sauf le sujet qui venait du roi, tout ce qu'on voyait, tout ce qu'on entendait, tout ce qu'on lisait était de sa façon. Il paraît certain que, comme tous ceux qui ont abdiqué, Benserade se montra jaloux de son succes- seur, et fit. avant la représentation, quelque moquerie de deux méchants vers destinés à être chantés dans la pastorale. Molière s'en vengea en parodiant, dans les vers faits pour le roi, la ma- nière dont son prédécesseur tournait la louange ; mais il n'es- saya pas de l'imiter dans l'épigramme. Les courtisans, comme à l'ordinaire, rirent beaucoup en voyant contrefaire ce qulls avaient coutume d'applaudir, et Benserade se trouva pué i^ 30 propre terraïa. »