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SBRIGANI.

Dépêchez-vous, vous dis-je, et ne perdez point de temps. Vous auriez un grand plaisir quand vous seriez pendu !

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Ah !

(Il donne encore de l’argent à Sbrigani.)
SBRIGANI, à l’exempt.

Tenez, monsieur.

L’EXEMPT, à Sbrigani.

Il faut donc que je m’enfuie avec lui ; car il n’y auroit point ici de sûreté pour moi. Laissez-le-moi conduire, et ne bougez d’ici.

SBRIGANI.

Je vous prie donc d’en avoir un grand soin.

L’EXEMPT.

Je vous promets de ne le point quitter que je ne l’aie mis en lieu de sûreté.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, à Sbrigani.

Adieu. Voilà le seul honnête homme que j’aie trouvé en cette ville.

SBRIGANI.

Ne perdez point de temps. Je vous aime tant, que je voudrois que vous fussiez déjà bien loin, (seul.) Que le ciel te conduise ! Par ma foi, voilà une grande dupe ! Mais voici…


Scène VIII.

ORONTE, SBRIGANI.
SBRIGANI, feignant de ne point voir Oronte.

Ah ! quelle étrange aventure ! Quelle fâcheuse nouvelle pour un père ! Pauvre Oronte, que je te plains ! Que diras-tu ? et de quelle façon pourras-tu supporter cette douleur mortelle ?

ORONTE.

Qu’est-ce ? Quel malheur me présages-tu ?

SBRIGANI.

Ah ! monsieur ! ce perfide de Limosin, ce traître de monsieur de Pourceaugnac vous enlève votre fille !

ORONTE.

Il m’enlève ma fille !

SBRIGANI.

Oui. Elle en est devenue si folle, qu’elle vous quitte pour