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SBRIGANI.

Attendez-moi là. Je suis à vous dans un moment, vous n’avez qu’à vous promener.

(Monsieur de Pourceaugnac fait plusieurs tours sur le théâtre, en continuant à contrefaire la femme de qualité.)

Scène III.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, DEUX SUISSES.
PREMIER SUISSE, sans voir monsieur de Pourceaugnac.

Allons, dépêchons, camerade ; li faut allair tous deux nous à la Crève, pour regarter un peu chousticier sti mousiu de Pourcegnac, qui l’a été contané par ortonnance à l’être pendu par son cou.

SECOND SUISSE, sans voir monsieur de Pourceaugnac.

Li faut nous loër un fenêtre pour foir sti choustice.

PREMIER SUISSE.

Li disent que l’on fait téja planter un grand potence tout neuve, pour l’y accrocher sti Porcegnac.

SECOND SUISSE.

Li sira, mon foi, un grand plaisir, d’y regarter pendre sti Limossin.

PREMIER SUISSE.

Oui, de li foir gambiller les pieds en haut tevant tout le monde.

SECOND SUISSE.

Li est un plaiçant trôle, oui ; li disent que s’être marié y foie.

PREMIER SUISSE.

Sti tiable ti fouloir trois femmes à li tout seul ! li est bien assez t’une.

SECOND SUISSE, en apercevant monsieur de Pourceaugnac.

Ah ! ponchour, mameselle.

PREMIER SUISSE.

Que faire fous là tout seul ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

J’attends mes gens, messieurs.

SECOND SUISSE.

Li est belle, par mon foi !

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Doucement, messieurs.