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MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Sans doute. Ils étaient une douzaine de possédés après mes chausses, et j’ai eu toutes les peines du monde à m’échapper de leurs pattes.

SBRIGANI.

Voyez un peu ; les mines sont bien trompeuses ; je l’aurois cru le plus affectionné de vos amis. Voilà un de mes étonnements, comme il est possible qu’il y ait des fourbes comme cela dans le monde.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Ne sens-je point le lavement ? Voyez, je vous prie[1].

SBRIGANI.

Hé ! il y a quelque petite chose qui approche de cela.

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

J’ai l’odorat et l’imagination tout remplis de cela ; et il me semble toujours que je vois une douzaine de lavements qui me couchent en joue.

SBRIGANI.

Voilà une méchanceté bien grande ; et les hommes sont bien traîtres et scélérats !

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Enseignez-moi, de grâce, le logis de monsieur Oronte ; je suis bien aise d’y aller tout à l’heure.

SBRIGANI.

Ah ! ah ! vous êtes donc de complexion amoureuse ? et vous avez ouï parler que ce monsieur Oronte a une fille ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Oui, je viens l’épouser.

SBRIGANI.

L’é… l’épouser ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Oui.

SBRIGANI.

En mariage ?

MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

De quelle façon, donc ?

  1. Molière s’est sans doute souvenu ici du passage suivant de Rabelais : « vint à Montpellier, où se cuida mettre à estudier en médecine ; mais il considéra que l’estat estoit fascheux par trop, et melancholique, et que les médecins sentoient les clysteres comme vieux diables. »