Votre très humble valet. (Les deux médecins lui prenant chacun une main pour lui tâter le pouls.) Que veut dire cela ?
Mangez-vous bien, monsieur ?
Oui ; et bois encore mieux.
Tant pis ! Cette grande appétition du froid et de l’humide est une indication de la chaleur et sécheresse qui est au dedans. Dormez-vous fort ?
Oui ; quand j’ai bien soupé.
Faites-vous des songes ?
Quelquefois.
De quelle nature sont-ils ?
De la nature des songes. Quelle diable de conversation est-ce là ?
Vos déjections, comment sont-elles ?
Ma foi, je ne comprends rien à toutes ces questions ; et je veux plutôt boire un coup.
Un peu de patience. Nous allons raisonner sur votre affaire devant vous ; et nous le ferons en françois, pour être plus intelligibles.
Quel grand raisonnement faut-il pour manger un morceau ?
Comme ainsi soit qu’on ne puisse guérir une maladie qu’on ne la connoisse parfaitement, et qu’on ne la puisse parfaitement connoître sans en bien établir l’idée particulière, et la véritable espèce, par ses signes diagnostiques et prognostiques, vous me permettrez, monsieur notre ancien, d’entrer en considération de la maladie dont il s’agit, avant que de toucher à la thérapeutique, et aux remèdes qu’il