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NOTICE.

est-ce pas un plus grand encore à un fils de voler son père, de lui manquer de respect, de lui faire les plus insultants reproches ; et quand ce père irrité lui donne sa malédiction, de répondre d’un air goguenard, qu’il n’a que faire de ses dons ? Si la plaisanterie est excellente, en est-elle moins punissable ? Et la pièce où l’on fait aimer le fils insolent qui l’a faite, en est-elle moins une école de mauvaises mœurs ? » — M. Saint-Marc Girardin, dans son Cours de littérature dramatique, au chapitre intitulé : Des Pères dans la comédie, et surtout dans les comédies de Molière, a discuté l’opinion de Rousseau :

« Au dix-huitième siècle, J. J. Rousseau attaquait donc la comédie et lui reprochait d’enseigner aux enfants l’oubli du respect qu’ils doivent à leurs parents, comme Aristophane autrefois, dans les Nuées, accusait la philosophie de pervertir l’esprit des jeunes gens et d’ébranler dans leur cœur la majesté du pouvoir paternel. Et c’est ainsi que la comédie et la philosophie, les doux arts les plus hardis du monde, l’un par la raillerie et l’autre par le doute, ont tour à tour, dans leurs querelles, reconnu et proclamé, l’une contre l’autre, la sainteté de ce pouvoir paternel qui est le vrai fondement des sociétés.

» Avant Rousseau, Bossuet et Nicole avaient parlé du théâtre de la même manière ; et, avant Bossuet et Nicole, tous les Pères de l’Église l’avaient condamné. Essaierai-je de réclamer contre cet anathème ? Essaierai-je de soutenir, comme les philosophes du dix-huitième siècle, que le théâtre est une école de morale ? Non. Reconnaissons le mal où il est ; mais seulement mesurons-le, afin de ne pas le faire plus grand qu’il n’est. Ne préconisons pas le théâtre, mais ne le condamnons que pour les fautes qui lui appartiennent. Ne lui demandons pas la pureté de la morale chrétienne : quiconque veut trouver cette morale, doit aller la chercher à l’église. Ne lui demandons pas non plus la morale sévère et guindée du Portique : tant d’austérité l’épouvante. N’attendons pas même de lui cette haine vertueuse que donne aux gens de bien la vue du mal il est plutôt du parti de Philinte, qui

… prend tout doucement les hommes comme ils sont,


que du parti d’Alceste. Ne croyons pas cependant que le théâtre soit, de tous les genres de littérature, le plus dépourvu de morale. Image de la vie humaine, le théâtre est moral comme l’expérience, et, ajoutons-le, hélas ! pour ne rien déguiser de son inefficacité, moral comme l’expérience d’autrui, qui touche et qui corrige peu.

» J’examinerai plus tard quels sont, quant à la morale, les dangers du théâtre. Je veux seulement aujourd’hui rechercher s’il est vrai que Molière ait voulu, comme l’en accuse J. J. Rous-