m’a mise dans une colère effroyable. J’enrage de monsieur de Pourceaugnac. Quand il n’y auroit que ce nom-là, monsieur de Pourceaugnac, j’y brûlerai mes livres, ou je romprai ce mariage ; et vous ne serez point madame de Pourceaugnac. Pourceaugnac ! cela se peut-il souffrir ? Non, Pourceaugnac est une chose que je ne saurois supporter ; et nous lui jouerons tant de pièces, nous lui ferons tant de niches sur niches, que nous renverrons[1] à Limoges monsieur de Pourceaugnac.
Voici notre subtil Napolitain, qui nous dira des nouvelles.
Scène IV.
Monsieur, votre homme arrive. Je l’ai vu à trois lieues d’ici, où a couché le coche ; et, dans la cuisine, où il est descendu pour déjeuner, je l’ai étudié une bonne grosse demi-heure, et je le sais déjà par cœur. Pour sa figure, je ne veux point vous en parler : vous verrez de quel air la nature l’a dessinée, et si l’ajustement qui l’accompagne y répond comme il faut ; mais, pour son esprit, je vous avertis, par avance, qu’il est des plus épais qui se fassent ; que nous trouvons en lui une matière tout à fait disposée pour ce que nous voulons, et qu’il est homme enfin à donner dans tous les panneaux qu’on lui présentera.
Nous dis-tu vrai ?
Oui, si je me connois en gens.
Madame, voilà un illustre. Votre affaire ne pouvoit être mise en de meilleures mains, et c’est le héros de notre siècle pour les exploits dont il s’agit ; un homme qui, vingt fois en sa vie, pour servir ses amis, a généreusement affronté les galères, qui, au péril de ses bras et de ses épaules, sait mettre noblement à fin les aventures les plus difficiles, et qui, tel que vous le voyez, est exilé de son pays pour je ne sais combien d’actions honarables qu’il a généreusement entreprises.
- ↑ Var. Que nous renvoierons, etc.