Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/533

Cette page n’a pas encore été corrigée

râce, tout doux !

Mercure
Ah ! vous y retournez !
Je vous ajusterai l’échine.

Sosie
Hélas ! brave et généreux moi,
Modère-toi, je t’en supplie.
Sosie, épargne un peu Sosie,
Et ne te plais point tant à frapper dessus toi.

Mercure
Qui de t’appeler de ce nom
A pu te donner la licence ?
Ne t’en ai-je pas fait une expresse défense,
Sous peine d’essuyer mille coups de bâton ?

Sosie
C’est un nom que tous deux nous pouvons à la fois
Posséder sous un même maître.
Pour Sosie en tous lieux on sait me reconnaître ;
Je souffre bien que tu le sois :
Souffre aussi que je le puisse être.
Laissons aux deux Amphitryons
Faire éclater des jalousies ;
Et parmi leurs contentions,
Faisons en bonne paix vivre les deux Sosies.

Mercure
Non : c’est assez d’un seul, et je suis obstiné
À ne point souffrir de partage.

Sosie
Du pas devant sur moi tu prendras l’avantage ;
Je serai le cadet, et tu seras l’aîné.

Mercure
Non : un frère incommode, et n’est pas de mon goût,
Et je veux être fils unique.