Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/487

Cette page n’a pas encore été corrigée


Mercure
Quand je ne serai plus Sosie,
Sois-le, j’en demeure d’accord ;
Mais tant que je le suis, je te garantis mort,
Si tu prends cette fantaisie.

Sosie
Tout cet embarras met mon esprit sur les dents,
Et la raison à ce qu’on voit s’oppose.
Mais il faut terminer enfin par quelque chose ;
Et le plus court pour moi, c’est d’entrer là dedans.

Mercure
Ah ! tu prends donc, pendard, goût à la bastonnade ?

Sosie
Ah ! qu’est-ce ci ? grands Dieux ! il frappe un ton plus fort,
Et mon dos, pour un mois, en doit être malade.
Laissons ce diable d’homme, et retournons au port.
Ô juste Ciel ! j’ai fait une belle ambassade !

Mercure
Enfin, je l’ai fait fuir ; et sous ce traitement
De beaucoup d’actions il a reçu la peine.
Mais je vois Jupiter, que fort civilement
Reconduit l’amoureuse Alcmène.
Scène 3
Jupiter, Alcmène, Cléanthis, Mercure.

Jupiter
Défendez, chère Alcmène, aux flambeaux d’approcher.
Ils m’offrent des plaisirs en m’offrant votre vue ;
Mais ils pourraient ici découvrir ma venue,
Qu’il est à propos de cacher.
Mon amour, que gênaient tous ces soins éclatants
Où me tenait lié la gloire de nos armes,
Au devoir de ma charge a volé les instants
Qu’il vient de donner à vos charmes.
Ce vol qu’à vos beautés mon cœur a consacré
Pourrait être blâmé dans la bouche publique,
Et j’en veux pour témoin unique
Celle qui peut m’en savoir gré.

Alcmène
Je prends, Amphitryon, grande part à la gloire