Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/476

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qui d’abord… Attendez : le corps d’armée a peur ;
Qui dJ’entends quelque bruit, ce me semble[1].



Scène II.


MERCURE, SOSIE.


Mercure, sous la forme de Sosie, sortant de la maison d’Amphitryon.

Qui dSous ce minois qui lui ressemble,
Qui dChassons de ces lieux ce causeur,
Dont l’abord importun troublerait la douceur
Qui dQue nos amants goûtent ensemble.

Sosie, sans voir Mercure.

Qui dMon cœur tant soit peu se rassure,
Qui dEt je pense que ce n’est rien.
Crainte pourtant de sinistre aventure,
Allons chez nous achever l’entretien.

Mercure, à part.

Qui dTu seras plus fort que Mercure,
Qui dOu je t’en empêcherai bien.

Sosie, sans voir Mercure.

Cette nuit en longueur me semble sans pareille.
Il faut, depuis le temps que je suis en chemin,
Ou que mon maître ait pris le soir pour le matin,
Ou que trop tard au lit le blond Phébus sommeille,
Ou qPour avoir trop pris de son vin.

Mercure, à part.

Qui dComme avec irrévérence
Qui dParle des Dieux ce maraud !
Qui dMon bras saura bien tantôt
Qui dChâtier cette insolence ;
Et je vais m’égayer avec lui comme il faut,
En lui volant son nom avec sa ressemblance.

Sosie, apercevant Mercure d'un peu loin

Qui dAh ! par ma foi, j’avois raison :
EnC’est fait de moi, chétive créature !
Qui dJe vois devant notre maison
Qui dCertain homme dont l’encolure

  1. Plaute, qui d'ailleurs a tant d'envie de faire rire, même quand il ne le fait pas, est tombé ici dans un défaut tout opposé. Il a mis dans la bouche de Sosie un récit très-suivi, très-détaillé et très-sérieux de la victoire des Thébains, tel qu'il pourrait être dans une histoire ou dans un poëme. Il amène Mercure quand Sosie ne sait plus où il en est. (La Harpe.)