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AMPHITRYON,

COMÉDIE EN TROIS ACTES,
1668.


NOTICE.


Le sujet de cette pièce n’appartient pas, on le sait, à Molière. Un Anglais, le colonel Dow, en a retrouvé la donnée première dans l’antique littérature de l’Inde. Voltaire a reproduit, d’après le savant Anglais, l’analyse de cette fable ; et M. Taschereau, à son tour, a réimprimé l’analyse de Voltaire, en adoucissant toutefois ce qu’il y avait de hasardé dans la prose de l’auteur de Candide. Quoique Voltaire perde toujours à des corrections, quelles qu’elles soient, nous avons cru devoir nous en tenir à M. Taschereau :

« Un Indou, d’une force extraordinaire, avait une très-belle femme : il en fut jaloux, la battit et s’en alla. Un égrillard de dieu, non pas un Brama, ou un Vishnou, ou un Sib, mais un dieu de bas étage, et cependant fort puissant, fait passer son âme dans un corps entièrement semblable à celui du mari fugitif, et se présente sous cette forme à la dame délaissée. La doctrine de la métempsycose rendait cette supercherie vraisemblable.

» Le dieu amoureux demande pardon à sa prétendue femme de ses emportements, obtient sa grâce et les faveurs de la belle, féconde son sein et reste le maître de la maison. Le mari, repentant et toujours amoureux de sa femme, revient se jeter à ses pieds. Il trouve un autre lui-même établi chez lui ; il est traité par cet autre d’imposteur et de sorcier. Cela forme un procès… L’affaire se plaide devant le parlement de Bénaràs. Le président était un brachmane, qui devina tout d’un coup que l’un des deux maîtres de la maison était une dupe et que l’autre était un dieu. »

« Ici nous sommes forcé d’abandonner le traducteur, dont les expressions pourraient paraître à beaucoup de lecteurs un peu trop naturelles. Il serait maladroit et impardonnable à nous