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De la part de monsieur Tartuffe, pour son bien.
Dorine, à Orgon.
C’est un homme qui vient, avec douce manière,De la part de monsieur Tartuffe, pour affaire
Dont vous serez, dit-il, bien aise.
Cléante, à Orgon.
Il vous faut voirCe que c’est que cet homme et ce qu’il peut vouloir.
Orgon, à Cléante.
Pour nous raccommoder il vient ici peut-être :[1] ?
Cléante
Votre ressentiment ne doit point éclater ;Et s’il parle d’accord, il le faut écouter.
Monsieur Loyal, à Orgon.
Salut, monsieur. Le ciel perde qui vous veut nuire,Et vous soit favorable autant que je désire[2] !
Orgon, bas, à Cléante.
Ce doux début s’accorde avec mon jugementEt présage déjà quelque accommodement.
Monsieur Loyal
Toute votre maison m’a toujours été chère,Et j’étais serviteur de monsieur votre père.
Orgon
Monsieur, j’ai grande honte et demande pardon
Monsieur Loyal
Je m’appelle Loyal, natif de Normandie,Et suis huissier à verge, en dépit de l’envie.
J’ai, depuis quarante ans, grâce au ciel, le bonheur
D’en exercer la charge avec beaucoup d’honneur,
Et je vous viens, monsieur, avec votre licence,
Signifier l’exploit de certaine ordonnance…
- ↑ Dans l’édition de 1682, ce verbe est écrit, tantôt par un o, tantôt par un a, tantôt par un e, suivant les besoins de la rime.
- ↑ C’est faute d’avoir pénétré les intentions du poète que les commentateurs ont blâmé ce rôle. « M. Loyal, est-il dit dans la Lettre sur l’Imposteur, fait voir qu’il y a des faux dévots dans toutes les professions, et qu’ils sont tous liés ensemble, ce qui est le caractère de la cabale. » C’est donc pour montrer l’union des faux dévots de toutes les classes que Molière a fait de M. Loyal un saint de la même étoffe que Tartuffe.
(Aimé Martin.)