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660D’abord chez le beau monde on vous fera venir.
Vous irez visiter, pour votre bienvenue,
Madame la baillive et madame l’élue,
Qui d’un siège pliant vous feront honorer.
Là, dans le carnaval, vous pourrez espérer
665Le bal et la grand’bande, assavoir[1], deux musettes,
Et parfois Fagotin[2], et les marionnettes ;
Si pourtant votre époux…

Mariane
Si pourtant votre époux Ah ! tu me fais mourir !

De tes conseils plutôt songe à me secourir.

Dorine
Je suis votre servante.


Mariane
Je suis votre servante. Hé ! Dorine, de grâce…


Dorine
670Il faut, pour vous punir, que cette affaire passe.


Mariane
Ma pauvre fille !


Dorine
Ma pauvre fille ! Non.


Mariane
Ma pauvre fille ! Non. Si mes vœux déclarés…


Dorine
Point. Tartuffe est votre homme, et vous en tâterez.


Mariane
Tu sais qu’à toi toujours je me suis confiée :

Fais-moi…

Dorine
Fais-moi… Non, vous serez, ma foi, tartufiée.


Mariane
675Hé bien ! puisque mon sort ne saurait t’émouvoir,

Laisse-moi désormais toute à mon désespoir :
C’est de lui que mon cœur empruntera de l’aide ;
Et je sais de mes maux l’infaillible remède.
(Elle veut s’en aller.)

Dorine
Hé ! là, là, revenez. Je quitte mon courroux.
  1. Toutes les éditions portent à tort : à savoir ; c’est l’ancien infinitif assavoir.
    (F. Génin.)
  2. Singe célèbre par ses tours.