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Isidore

Si votre pinceau flatte autant que votre langue, vous allez me faire un portait qui ne me ressemblera pas.

Adraste

Le Ciel, qui fit l’original, nous ôte le moyen d’en faire un portrait qui puisse flatter.

Isidore

Le Ciel, quoi que vous en disiez, ne…

Dom Pèdre

Finissons cela, de grâce, laissons les compliments, et songeons au portrait.

Adraste

Allons, apportez tout.

(On apporte tout ce qu’il faut pour peindre Isidore.)

Isidore

Où voulez-vous que je me place ?

Adraste

Ici. Voici le lieu le plus avantageux, et qui reçoit le mieux les vues favorables de la lumière que nous cherchons.

Isidore

Suis-je bien ainsi ?

Adraste

Oui. Levez-vous un peu, s’il vous plaît. Un peu plus de ce côté-là ; le corps tourné ainsi ; la tête un peu levée, afin que la beauté du cou paroisse. Ceci un peu plus découvert. (Il parle de sa gorge.) Bon. Là, un peu davantage. Encore tant soit peu.

Dom Pèdre

Il y a bien de la peine à vous mettre ; ne sauriez-vous vous tenir comme il faut ?

Isidore

Ce sont ici des choses toutes neuves pour moi ; et c’est à Monsieur à me mettre de la façon qu’il veut.

Adraste

Voilà qui va le mieux du monde, et vous vous tenez à merveilles. (La faisant tourner un peu devers lui.) Comme cela, s’il vous plaît. Le tout dépend des attitudes qu’on donne aux personnes qu’on peint.

Dom Pèdre

Fort bien.