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DAPHNÉ.

Le choix d’elle et de nous est assez inégal.

MYRTIL.

Nymphes, au nom des Dieux, n’en dites point de mal ;
Daignez considérer, de grâce, que je l’aime,
Et ne me jetez point dans un désordre extrême.
Si j’outrage, en l’aimant vos célestes attraits,
Elle n’a point de part au crime que je fais ;
C’est de moi, s’il vous plaît, que vient toute l’offense.
Il est vrai, d’elle à vous je sais la différence ;
Mais par sa destinée on se trouve enchaîné ;
Et je sens bien enfin que le Ciel m’a donné
Pour vous tout le respect, Nymphes, imaginable,
Pour elle tout l’amour dont une âme est capable.
Je vois, à la rougeur qui vient de vous saisir,
Que ce que je vous dis ne vous fait pas plaisir.
Si vous parlez, mon cœur appréhende d’entendre
Ce qui peut le blesser par l’endroit le plus tendre ;
Et, pour me dérober à de semblables coups,
Nymphes, j’aime bien mieux prendre congé de vous.

LYCARSIS.

Myrtil, holà ! Myrtil ! Veux-tu revenir, traître ?
Il fuit ; mais on verra qui de nous est le maître.
Ne vous effrayez point de tous ces vains transports ;
Vous l’aurez pour époux ; j’en réponds corps pour corps.

fin du premier acte.



ACTE SECOND.





Scène I.


MÉLICERTE, CORINNE.

MÉLICERTE.

Ah ! Corinne, tu viens de l’apprendre de Stelle.
Et c’est de Lycarsis qu’elle tient la nouvelle ?