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Et qu’on raisonne fort touchant cette venue[1].

NICANDRE.

Nous n’avons pas envie aussi de rien savoir.

LYCARSIS.

Je vis cent choses là ravissantes à voir :
Ce ne sont que seigneurs, qui, des pieds à la tête,
Sont brillants et parés comme au jour d’une fête ;
Ils surprennent la vue ; et nos prés au printemps,
Avec toutes leurs fleurs, sont bien moins éclatants.
Pour le Prince, entre tous sans peine on le remarque ;
Et d’une stade[2] loin il sent son grand monarque :
Dans toute sa personne il a je ne sais quoi
Qui d’abord fait juger que c’est un maître roi.
Il le fait d’une grâce à nulle autre seconde ;
Et cela, sans mentir, lui sied le mieux du monde.
On ne croiroit jamais comme de toutes parts
Toute sa cour s’empresse à chercher ses regards :
Ce sont autour de lui confusions plaisantes ;
Et l’on diroit d’un tas de mouches reluisantes
Qui suivent en tous lieux un doux rayon de miel.
Enfin l’on ne voit rien de si beau sous le ciel ;
Et la fête de Pan, parmi nous si chérie,
Auprès de ce spectacle est une gueuserie.
Mais puisque sur le fier vous vous tenez si bien,
Je garde ma nouvelle, et ne veux dire rien.

MOPSE.

Et nous ne te voulons aucunement entendre.

LYCARSIS.

Allez vous promener.

MOPSE.

Allez vous promener.Va-t’en te faire pendre.


Scène IV.


ÉROXÈNE, DAPHNÉ, LYCARSIS.

LYCARSIS.

C’est de cette façon que l’on punit les gens,
Quand ils font les benêts et les impertinents.

  1. Cette scène est la première esquisse de la scène vii du second acte de George Dandin
  2. Le stade et non La stade, comme le dit Molière, qui désignoit une longueur de chemin de 125 pas géométriques.