Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/297

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mal, qui pourroit empirer par le retardement. Pour moi, je n’y en vois qu’un seul, qui est une prise de fuite purgative, que vous mêlerez comme il faut avec deux dragmes de matrimonium en pilules. Peut-être fera-t-elle quelque difficulté à prendre ce remède : mais comme vous êtes habile homme dans votre métier, c’est à vous de l’y résoudre, et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez. Allez-vous-en lui faire faire un petit tour de jardin, afin de préparer les humeurs, tandis que j’entretiendrai ici son père ; mais surtout ne perdez point de temps. Au remède, vitel au remède spécifique !



Scène VII

Géronte, Sganarelle
Géronte

Quelles drogues, monsieur, sont celles que vous venez de dire ? il me semble que je ne les ai jamais ouï nommer.

Sganarelle

Ce sont drogues dont on se sert dans les nécessités urgentes.

Géronte

Avez-vous jamais vu une insolence pareille à la sienne ?

Sganarelle

Les filles sont quelquefois un peu têtues.

Géronte

Vous ne sauriez croire comme elle est affolée de ce Léandre.

Sganarelle

La chaleur du sang fait cela dans les jeunes esprits.

Géronte

Pour moi, dès que j’ai eu découvert la violence de cet amour, j’ai su tenir toujours ma fille renfermée.

Sganarelle

Vous avez fait sagement.

Géronte

Et j’ai bien empêché qu’ils n’aient eu communication ensemble.

Sganarelle

Fort bien.

Géronte

Il seroit arrivé quelque folie, si j’avois souffert qu’ils se fussent vus.