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Sganarelle

Hé ?

Martine

Non.

Sganarelle

Ma petite femme !

Martine

Point.

Sganarelle

Allons, te dis-je.

Martine

Je n’en ferai rien.

Sganarelle

Viens, viens, viens.

Martine

Non ; je veux être en colère.

Sganarelle

Fi ! c’est une bagatelle. Allons, allons.

Martine

Laisse-moi là.

Sganarelle

Touche, te dis-je.

Martine

Tu m’as trop maltraitée.

Sganarelle

Hé bien ! va, je te demande pardon ; mets là ta main.

Martine

Je te pardonne ; (bas, à part.) mais tu le paieras.

Sganarelle

Tu es une folle de prendre garde à cela : ce sont petites choses qui sont de temps en temps nécessaires dans l’amitié ; et cinq ou six coups de bâton, entre gens qui s’aiment, ne font que ragaillardir l’affection[1]. Va, je m’en vais au bois, et je te promets aujourd’hui plus d’un cent de fagots.

  1. La plaisanterie de Sganarelle rappelle un vers de Térence, dont elle est comme la parodie :

    Amantium iræ amoris redintegratio est.
    Les querelles des amants sont un renouvellement d’amour.

    Andrienne, acte III, scène iii. (Aime Martie.)