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Martine

Et que veux-tu, pendant ce temps, que je fasse avec ma famille ?

Sganarelle

Tout ce qu’il te plaira.

Martine

J’ai quatre pauvres petits enfants sur les bras…

Sganarelle

Mets-les à terre.

Martine

Qui me demandent à toute heure du pain.

Sganarelle

Donne-leur le fouet : quand j’ai bien bu et bien mangé, je veux que tout le monde soit soûl dans ma maison.

Martine

Et tu prétends, ivrogne, que les choses aillent toujours de même ?

Sganarelle

Ma femme, allons tout doucement, s’il vous plaît.

Martine

Que j’endure éternellement tes insolences et tes débauches ?

Sganarelle

Ne nous emportons point, ma femme.

Martine

Et que je ne sache pas trouver le moyen de te ranger à ton devoir ?

Sganarelle

Ma femme, vous savez que je n’ai pas l’ame endurante, et que j’ai le bras assez bon.

Martine

Je me moque de tes menaces.

Sganarelle

Ma petite femme, ma mie, votre peau vous démange, à votre ordinaire.

Martine

Je te montrerai bien que je ne te crains nullement.

Sganarelle

Ma chère moitié, vous avez envie de me dérober quelque chose[1].

  1. Dicton populaire qui se trouve dans la Comédie des Proverbes, d’Adrien de Montluc : « Si tu m’importunes davantage, tu me déroberas un soufflet. »