Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/202

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Alceste
Mais il ne tient qu’à vous que son chagrin ne passe.

530À tous nos démêlés coupons chemin, de grâce ;
Parlons à cœur ouvert, et voyons d’arrêter…



Scène 2

Célimène, Alceste, Basque.


Célimène
Qu’est-ce ?


Basque
Qu’est-ce ? Acaste est là-bas.


Célimène
Qu’est-ce ? Acaste est là-bas. Hé bien ! faites monter.


Alceste
Quoi ! l’on ne peut jamais vous parler tête à tête ?

À recevoir le monde on vous voit toujours prête ;
535Et vous ne pouvez pas, un seul moment de tous,
Vous résoudre à souffrir de n’être pas chez vous ?

Célimène
Voulez-vous qu’avec lui je me fasse une affaire ?


Alceste
Vous avez des égards qui ne sauraient me plaire.


Célimène
C’est un homme à jamais ne me le pardonner,

540S’il savait que sa vue eût pu m’importuner.

Alceste
Et que vous fait cela, pour vous gêner de sorte…


Célimène
Mon Dieu ! de ses pareils la bienveillance importe ;

Et ce sont de ces gens qui, je ne sais comment,
Ont gagné, dans la cour, de parler hautement.
545Dans tous les entretiens on les voit s’introduire ;
Ils ne sauraient servir, mais ils peuvent vous nuire ;


    que nous devons Racine, » il ne songeait qu’aux encouragements pécuniaires* et aux conseils dont le premier aida le second ; mais ce mot peut encore être vrai dans un sens plus étendu.

    (F. Géniu.)
    %1Texte *. Racine arrivant d’Uzès, vint soumettre à Molière son premier essai de tragédie, Théagène et Chariclée ; Molière lui donna cent louis, et le sujet de la Thébaïde.