Scène II
Ah ! monsieur, que j’ai de joie de vous voir converti ! Il y a longtemps que j’attendais cela, et voilà, grâce au ciel, tous mes souhaits accomplis.
La peste le benêt !
Comment, le benêt ?
Quoi ! tu prends pour de bon argent ce que je viens de dire, et tu crois que ma bouche était d’accord avec mon cœur ?
Quoi ! ce n’est pas… Vous ne… Votre… (à part.) Oh ! quel homme ! quel homme ! quel homme !
Non, non, je ne suis point changé, et mes sentiments sont toujours les mêmes.
Vous ne vous rendez pas à la surprenante merveille de cette statue mouvante et parlante ?
Il y a bien quelque chose là-dedans que je ne comprends pas ; mais, quoi que ce puisse être, cela n’est pas capable, ni de convaincre mon esprit, ni d’ébranler mon âme ; et, si j’ai dit que je voulais corriger ma conduite, et me jeter dans un train de vie exemplaire, c’est un dessein que j’ai formé par pure politique, un stratagème utile, une grimace nécessaire où je veux me contraindre, pour ménager un père dont j’ai besoin, et me mettre à couvert, du côté des hommes, de cent fâcheuses aventures qui pourraient m’arriver. Je veux bien, Sganarelle, t’en faire confidence, et je suis bien aise d’avoir un témoin du fond de mon âme, et des véritables motifs qui m’obligent à faire les choses.
Quoi ! vous ne croyez rien du tout, et vous voulez cependant vous ériger en homme de bien ?
d’audace et de grandeur dans la scélératesse, est ici le précurseur de Tartufe mais c’est Tartufe avec une épée, au lieu d’une discipline.