Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 2.djvu/118

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Sganarelle

Bon. Voilà ce qu’il nous faut, qu’un compliment de créancier. De quoi s’avise-t-il de nous venir demander de l’argent ; et que ne lui disais-tu que monsieur n’y est pas ?

La Violette

Il y a trois quarts d’heure que je lui dis ; mais il ne veut pas le croire, et s’est assis là-dedans pour attendre.

Sganarelle

Qu’il attende tant qu’il voudra.

Don Juan

Non, au contraire, faites-le entrer. C’est une fort mauvaise politique que de se faire celer aux créanciers. Il est bon de les payer de quelque chose ; et j’ai le secret de les renvoyer satisfaits sans leur donner un double.



Scène III

DON JUAN, M. DIMANCHE, SGANARELLE, LA VIOLETTE, RAGOTIN.
Don Juan

Ah ! monsieur Dimanche, approchez. Que je suis ravi de vous voir, et que je veux de mal à mes gens de ne vous pas faire entrer d’abord ! J’avais donné ordre qu’on ne me fît parler à personne ; mais cet ordre n’est pas pour vous, et vous êtes en droit de ne trouver jamais de porte fermée chez moi.

Monsieur Dimanche

Monsieur, je vous suis fort obligé.

Don Juan, parlant à la Violette et à Ragotin.

Parbleu ! coquins, je vous apprendrai à laisser monsieur Dimanche dans une antichambre, et je vous ferai connaître les gens.

Monsieur Dimanche

Monsieur, cela n’est rien.

Don Juan, à monsieur Dimanche.

Comment ! vous dire que je n’y suis pas, à monsieur Dimanche, au meilleur de mes amis !

Monsieur Dimanche

Monsieur, je suis votre serviteur. J’étais venu…

Don Juan

Allons vite, un siège pour monsieur Dimanche.