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J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.

effet de leurs prières, qu’ils redoubleront pour la prospérité de votre chère compagnie. »

On ne sait, dit M. Ed. Fournier, quel fut le résultat de cette requête ; mais ce qui est certain, c’est que les capucins continuèrent de prélever leur dîme sur les recettes, et que peu à peu l’aumône bénévole finit par devenir obligatoire. Il n’y manqua plus qu’une ordonnance du roi. Elle fut rendue le 25 février 1699, et le droit des pauvres, né d’une charitable pensée de Molière, fut ainsi définitivement créé.

Molière, dans l’intérieur de sa maison, maintenait l’ordre le plus sévère : il aimait le faste, la représentation, mais sans prodigalité. Autant dans ses rôles il était d’une gaieté saisissante et communicative, autant dans ses habitudes ordinaires il était grave et pensif. Boileau l’avait surnominé le Contemplateur ; en effet, il méditait et observait sans cesse, s’instruisant aux secrets les plus profonds de l’art par l’étude constante de la réalité, et s’adressant, pour s’éclairer dans ses travaux, moins au goût des gens de lettres qu’au bon sens et aux impressions naïves de sa vieille bonne Laforest[1]. Adoré de ses camarades, parce qu’il était entièrement dévoué à leurs intérêts, et qu’il se regardait comme leur père, Molière n’était pas moins aimé des grands, qui respectaient en lui l’honnête homme, en même temps qu’ils admiraient l’homme de génie. Le maréchal de Vivonne, si connu par son esprit, dit Voltaire, allait souvent le visiter, et vivait avec lui comme Lelius avec Térence. Louis XIV, qui le premier parmi les rois de sa race, créa, au-dessus de toutes les classes qui partageaient la nation,

  1. Cette estimable servante n’était pas seulement utile à son maître par les soins qu’elle lui prodiguait, elle lui rendait encore plus d’un service par ses avis sur les productions qui étaient de la compétence de son bon sens naturel. « Molière, dit Boileau, lui lisait quelquefois ses comédies ; et il m’assurait que lorsque des endroits de plaisanterie ne l’avaient point frappée, il les corrigeait, parce qu’il avait plusieurs fois éprouvé, sur son théâtre, que ces endroits n’y réussissaient point. »