Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/649

Cette page n’a pas encore été corrigée

Car vouloir contrefaire un comédien dans un rôle comique, ce n’est pas le peindre lui-même, c’est peindre d’après lui les personnages qu’il représente, et se servir des mêmes traits et des mêmes couleurs qu’il est obligé d’employer aux différents tableaux des caractères ridicules qu’il imite d’après nature ; mais contrefaire un comédien dans des rôles sérieux, c’est le peindre par des défauts qui sont entièrement de lui, puisque ces sortes de personnages ne veulent ni les gestes, ni les tons de voix ridicules dans lesquels on le reconnaît.

Molière

Il est vrai ; mais j’ai mes raisons pour ne le pas faire, et je n’ai pas cru, entre nous, que la chose en valût la peine ; et puis il fallait plus de temps pour exécuter cette idée. Comme leurs jours de comédies sont les mêmes que les nôtres, à peine ai-je été les voir que trois ou quatre fois depuis que nous sommes à Paris ; je n’ai attrapé de leur manière de réciter que ce qui m’a d’abord sauté aux yeux, et j’aurais eu besoin de les étudier davantage pour faire des portraits bien ressemblants.

Mademoiselle du Parc

Pour moi, j’en ai reconnu quelques-uns dans votre bouche.

Mademoiselle de Brie

Je n’ai jamais ouï parler de cela.

Molière

C’est une idée qui m’avait passé une fois par la tête, et que j’ai laissée là comme une bagatelle, une badinerie, qui peut-être n’aurait point fait rire.

Mademoiselle de Brie

Dites-la-moi un peu, puisque vous l’avez dite aux autres.

Molière

Nous n’avons pas le temps maintenant.

Mademoiselle de Brie

Seulement deux mots.

Molière

J’avais songé une comédie où il y aurait eu un poète, que j’aurais représenté moi-même, qui serait venu pour offrir une