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J.-B. POQUELIN DE MOLIÈRE.

Ces trois femmes, Madeleine Béjart, mademoiselle du Parc, et mademoiselle de Brie, qui toutes les trois faisaient partie de la troupe nomade, arrivèrent avec elle à Paris, et le 21 octobre 1658, cette troupe joua Nicomède devant le roi, dans la salle des Gardes, au vieux Louvre. Molière, après la représentation, adressa un compliment à Louis XIV, en priant Sa Majesté d’avoir pour agréable « qu’il lui donnât un de ces petits divertissements qui lui avaient acquis quelque réputation, et dont il régalait les provinces. » Ce divertissement, c’était le Docteur amoureux. Le roi fut content et autorisa la troupe à prendre le titre de Troupe de Monsieur et à jouer, alternativement avec les comédiens italiens, sur le théâtre du Petit-Bourbon.

Dès ce moment, la destinée de Molière fut fixée. Il eut une troupe permanente[1], un théâtre ; pour spectateurs la cour et Paris ; pour protecteur, le roi.

II

Cette position nouvelle, qui offrait tout à la fois au poëte du profit, de la fixité et des encouragements, stimula son génie. Après avoir longtemps cherché sa voie, il la trouva enfin par les Précieuses, et, se dégageant des traditions latines et italiennes, il cessa, comme il le disait, d’éplucher des fragments de Ménandre, et, pour peindre les hommes, il étudia ceux qui vivaient sous ses yeux. Les Précieuses marquèrent, suivant la juste remarque de M. Sainte-Beuve, son entrée dans la grande carrière, et de 1659 à 1665, il donna Sganarelle, Don Garcie, l’École des maris, les Fâcheux, l’École des femmes, la Critique de l’École des femmes, l’Impromptu de Versailles, le Mariage forcé, la Princesse d’Elide, et les trois premiers actes de Tartuffe.

  1. Voy. plus loin à l’appendice la note intitulée : la Troupe de Molière.