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L’IMPROMPTU DE VERSAILLES,

COMÉDIE EN UN ACTE.
1663.


NOTICE.


Les adversaires de Molière avaient reçu dans la Critique de l’École des Femmes une trop rude leçon pour ne point essayer de rendre à l’auteur satire pour satire. Il y eut donc dans le camp ennemi une véritable prise d’armes. De Visé composa sous le tire de Zélinde, ou la véritable Critique de l’École des Femmes, et Critique de la Critique, une comédie en un acte et en prose, imprimée chez Barbin en 1663, mais qui ne paraît pas avoir été représentée. De plus, Boursault, qui pensait se reconnaître dans le personnage de Lysidas, crut se venger en composant et en annonçant une autre comédie en un acte et en vers : le Portrait du Peintre, ou la Contre-Critique de l’Ecole des Femmes. Non content de cette menace, il fit courir le bruit, sans doute dans le but de susciter des ennemis à Molière, que celui-ci faisait circuler une clef imprimée des personnages qu’il avait voulu ridiculiser dans la Critique . Les prudes, les précieuses et les courtisans qui leur faisaient cortège, prirent parti pour de Visé et Boursault. Le roi lui-même, si l’on en croit un biographe, qui assure tenir le fait d’un témoin oculaire, engagea Molière à évoquer de nouveau sur la scène ses ennemis titrés et non titrés[1]. L’auteur de la Critique obéit volontiers. Et pour se venger par anticipation de Boursault, et se moquer des gens de qualité qui se moquaient de sa pièce, il composa et fit représenter dans l’espace de huit jours l’Impromptu, qui fut joué entre le 15 et le 21 octobre 1663, à Versailles, sur le théâtre Royal. « Là, dit M. Bazin, parurent Molière et ses camarades, non pas figurant des personnages, mais agissant et parlant pour leur compte, ainsi que cela se pratique aux répétitions intimes, quand l’huis de la salle est

  1. Vie de Molière. en tête des Œuvres. Amsterdam, 1725. Tome I, page 25 et suivantes.