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LA CRITIQUE DE L’ÉCOLE DES FEMMES

scène d’Alain et de Georgette dans le logis, que quelques-uns ont trouvée longue et froide, il est certain qu’elle n’est pas sans raison ; et de même qu’Arnolphe se trouve attrapé pendant son voyage par la pure innocence de sa maîtresse, il demeure au retour longtemps à sa porte par l’innocence de ses valets, afin qu’il soit partout puni par les choses qu’il a cru faire la sûreté de ses précautions.

Le Marquis

Voilà des raisons qui ne valent rien.

Climène

Tout cela ne fait que blanchir.

Élise

Cela fait pitié.

Dorante

Pour le discours moral que vous appelez un sermon, il est certain que de vrais dévots qui l’ont ouï n’ont pas trouvé qu’il choquât ce que vous dites ; et sans doute que ces paroles d’enfer et de chaudières bouillantes sont assez justifiées par l’extravagance d’Arnolphe, et par l’innocence de celle à qui il parle. Et quant au transport amoureux du cinquième acte, qu’on accuse d’être trop outré et trop comique, je voudrais bien savoir si ce n’est pas faire la satire des amants, et si les honnêtes gens même, et les plus sérieux, en de pareilles occasions, ne font pas des choses…

Le Marquis

Ma foi, chevalier, tu ferais mieux de te taire.

Dorante

Fort bien. Mais enfin si nous nous regardions nous-mêmes, quand nous sommes bien amoureux…

Le Marquis

Je ne veux pas seulement t’écouter.

Dorante

Écoute-moi si tu veux. Est-ce que dans la violence de la passion…

Le Marquis

La, la, la, la, lare, la, la, la, la, la, la.

Il chante.
Dorante

Quoi…