Enfin, monsieur, toute votre raison, c’est que l’École des femmes a plu ; et vous ne vous souciez point qu’elle ne soit dans les règles, pourvu…
Tout beau, monsieur Lysidas, je ne vous accorde pas cela. Je dis bien que le grand art est de plaire, et que cette comédie ayant plu à ceux pour qui elle est faite, je trouve que c’est assez pour elle, et qu’elle doit peu se soucier du reste. Mais, avec cela, je soutiens qu’elle ne pèche contre aucune des règles dont vous parlez. Je les ai lues, Dieu merci, autant qu’un autre ; et je ferais voir aisément que peut-être n’avons-nous point de pièce au théâtre plus régulière que celle-là.
Courage, monsieur Lysidas ! nous sommes perdus si vous reculez.
Quoi ! monsieur, la protase, l’épitase, et la péripétie…
Ah ! monsieur Lysidas, vous nous assommez avec vos grands mots. Ne paraissez point si savant, de grâce ! Humanisez votre discours, et parlez pour être entendu. Pensez-vous qu’un nom grec donne plus de poids à vos raisons ? Et ne trouveriez-vous pas qu’il fût aussi beau de dire, l’exposition du sujet, que la protase ; le nœud, que l’épitase ; et le dénouement, que la péripétie ?
Ce sont termes de l’art dont il est permis de se servir. Mais puisque ces mots blessent vos oreilles, je m’expliquerai d’une autre façon ; et je vous prie de répondre positivement à trois ou quatre choses que je vais dire. Peut-on souffrir une pièce qui pèche contre le nom propre des pièces de théâtre ? Car enfin le nom de poème dramatique vient d’un mot grec qui signifie agir, pour montrer que la nature de ce poème consiste dans l’action ; et dans cette comédie-ci il ne se passe point d’actions, et tout consiste en des récits que vient faire ou Agnès ou Horace.
Ah, ah, chevalier.