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Le Marquis

Tarte à la crème, madame.

Uranie

Que trouvez-vous là à redire ?

Le Marquis

Moi, rien. Tarte à la crème !

Uranie

Ah ! je le quitte.

Élise

Monsieur le marquis s’y prend bien, et vous bourre de la belle manière. Mais je voudrais bien que monsieur Lysidas voulût les achever, et leur donner quelques petits coups de sa façon.

Lysidas

Ce n’est pas ma coutume de rien blâmer, et je suis assez indulgent pour les ouvrages des autres. Mais enfin, sans choquer l’amitié que monsieur le chevalier témoigne pour l’auteur, on m’avouera que ces sortes de comédies ne sont pas proprement des comédies, et qu’il y a une grande différence de toutes ces bagatelles à la beauté des pièces sérieuses. Cependant tout le monde donne là dedans aujourd’hui ; on ne court plus qu’à cela, et l’on voit une solitude effroyable aux grands ouvrages, lorsque des sottises ont tout Paris. Je vous avoue que le cœur m’en saigne quelquefois ; et cela est honteux pour la France.

Climène

Il est vrai que le goût des gens est étrangement gâté là-dessus, et que le siècle s’encanaille furieusement.

Élise

Celui-là est joli encore, s’encanaille ! Est-ce vous qui l’avez inventé, madame ?

Climène

Hé !

Élise

Je m’en suis bien doutée.

Dorante

Vous croyez donc, monsieur Lysidas, que tout l’esprit et