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Dorante

Pousse, mon cher marquis, pousse.

Le Marquis

Tu vois que nous avons les savants de notre côté.

Dorante

Il est vrai. Le jugement de monsieur Lysidas est quelque chose de considérable. Mais monsieur Lysidas veut bien que je ne me rende pas pour cela ; et, puisque j’ai bien l’audace de me défendre (montrant Climène) contre les sentiments de madame, il ne trouvera pas mauvais que je combatte les siens.

Élise

Quoi ! vous voyez contre vous madame, monsieur le marquis, et monsieur Lysidas, et vous osez résister encore ? Fi ! que cela est de mauvaise grace !

Climène

Voilà qui me confond, pour moi, que des personnes raisonnables se puissent mettre en tête de donner protection aux sottises de cette pièce.

Le Marquis

Dieu me damne ! madame, elle est misérable depuis le commencement jusqu’à la fin.

Dorante

Cela est bientôt dit, marquis. Il n’est rien plus aisé que de trancher ainsi ; et je ne vois aucune chose qui puisse être à couvert de la souveraineté de tes décisions.

Le Marquis

Parbleu ! tous les autres comédiens qui étaient là pour la voir en ont dit tous les maux du monde.

Dorante

Ah ! je ne dis plus mot ; tu as raison, marquis. Puisque les autres comédiens en disent du mal, il faut les en croire assurément. Ce sont tous gens éclairés, et qui parlent sans intérêt, il n’y a plus rien à dire, je me rends.

Climène

Rendez-vous, ou ne vous rendez pas, je sais fort bien que vous ne me persuaderez point de souffrir les immodesties de cette pièce, non plus que les satires désobligeantes qu’on y voit contre les femmes.

Uranie

Pour moi, je me garderai bien de m’en offenser, et de prendre rien sur mon compte de tout ce qui s’y dit. Ces sortes