Ris tant que tu voudras. Je suis pour le bon sens, et ne saurais souffrir les ébullitions de cerveau de nos marquis de Mascarille. J’enrage de voir de ces gens qui se traduisent en ridicule, malgré leur qualité ; de ces gens qui décident toujours, et parlent hardiment de toutes choses, sans s’y connaître ; qui, dans une comédie, se récrieront aux méchants endroits, et ne branleront pas à ceux qui sont bons ; qui, voyant un tableau, ou écoutant un concert de musique, blâment de même et louent tout à contre-sens, prennent par où ils peuvent les termes de l’art qu’ils attrapent, et ne manquent jamais de les estropier, et de les mettre hors de place. Hé, morbleu, messieurs, taisez-vous. Quand Dieu ne vous a pas donné la connaissance d’une chose, n’apprêtez point à rire à ceux qui vous entendent parler, et songez qu’en ne disant mot, on croira peut-être que vous êtes d’habiles gens.
Parbleu, chevalier, tu le prends là…
Mon Dieu, marquis, ce n’est pas à toi que je parle. C’est à une douzaine de messieurs qui déshonorent les gens de cour par leurs manières extravagantes, et font croire parmi le peuple que nous nous ressemblons tous. Pour moi, je m’en veux justifier le plus qu’il me sera possible ; et je les dauberai tant en toutes rencontres, qu’à la fin ils se rendront sages.
Dis-moi un peu, chevalier, crois-tu que Lysandre ait de l’esprit ?
Oui sans doute, et beaucoup.
C’est une chose qu’on ne peut pas nier.
Demandez-lui ce qu’il lui semble de l’École des Femmes, vous verrez qu’il vous dira qu’elle ne lui plaît pas.
Hé ! mon Dieu, il y en a beaucoup que le trop d’esprit gâte, qui voient mal les choses à force de lumière ; et même