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LA CRITIQUE DE L’ÉCOLE DES FEMMES.


Élise

On le voit bien, madame, et que tout est naturel en vous. Vos paroles, le ton de votre voix, vos regards, vos pas, votre action, et votre ajustement, ont je ne sais quel air de qualité qui enchante les gens. Je vous étudie des yeux et des oreilles ; et je suis si remplie de vous, que je tâche d’être votre singe, et de vous contrefaire en tout.

Climène

Vous vous moquez de moi, madame.

Élise

Pardonnez-moi, madame. Qui voudrait se moquer de vous ?

Climène

Je ne suis pas un bon modèle, madame.

Élise

Oh que si, madame !

Climène

Vous me flattez, madame.

Élise

Point du tout, madame.

Climène

Épargnez-moi, s’il vous plaît, madame.

Élise

Je vous épargne aussi, madame, et je ne dis pas la moitié de ce que je pense, madame.

Climène

Ah ! mon Dieu, brisons là, de grâce. Vous me jetteriez dans une confusion épouvantable. (À Uranie.) Enfin, nous voilà deux contre vous ; et l’opiniâtreté sied si mal aux personnes spirituelles…


Scène IV

Le Marquis, Climène, Galopin, Uranie, Élise.

Galopin, à la porte de la chambre. Arrêtez, s’il vous plaît, monsieur.

Le Marquis

Tu ne me connais pas, sans doute.

Galopin

Si fait, je vous connais ; mais vous n’entrerez pas.