Page:Molière - Édition Louandre, 1910, tome 1.djvu/609

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
507
SCÈNE III


Climène

Non.

Uranie

Voulez-vous que l’on vous délace ?

Climène

Mon Dieu, non. Ah !

Uranie

Quel est donc votre mal, et depuis quand vous a-t-il pris ?

Climène

Il y a plus de trois heures, et je l’ai apporté du Palais-Royal.

Uranie

Comment ?

Climène

Je viens de voir, pour mes péchés, cette méchante rapsodie de l’École des femmes. Je suis encore en défaillance du mal de cœur que cela m’a donné, et je pense que je n’en reviendrai de plus de quinze jours.

Élise

Voyez un peu comme les maladies arrivent sans qu’on y songe !

Uranie

Je ne sais pas de quel tempérament nous sommes, ma cousine et moi ; mais nous fûmes avant-hier à la même pièce, et nous en revînmes toutes deux saines et gaillardes.

Climène

Quoi ! vous l’avez vue ?

Uranie

Oui ; et écoutée d’un bout à l’autre.

Climène

Et vous n’en avez pas été jusques aux convulsions, ma chère ?

Uranie

Je ne suis pas si délicate, Dieu merci ; et je trouve, pour moi, que cette comédie serait plutôt capable de guérir les gens, que de les rendre malades.

Climène

Ah ! mon Dieu, que dites-vous là ? cette proposition peut-elle être avancée par une personne qui ait du revenu en sens